mardi 15 janvier 2013

Un mardi sur deux

Un mardi sur deux, de 16 à 17h, mon travail, c'est d'accompagner deux grandes soeurs de huit et neuf ans pour une sortie avec leur petite soeur, B., 4 ans bientôt, petite puce qu'elles ne rencontrent qu'une heure par semaine
Ces trois soeurs-là ont pourtant grandi ensemble jusqu'il y a un peu plus d'un an. Mais là elles vivent séparées, sans que ça ait été la volonté de qui que ce soit de les séparer, mais simplement, parce que, comme parfois c'est le cas, par la force des choses, "on" n'a pas pu faire autrement. Alors voilà. Il faut bien que la vie continue.  
Ah cette "force des choses", comme on aimerait parfois avoir des vrais outils pour lutter!

Mon job, un mardi sur deux, c'est donc d'accompagner cette visite; de me mettre au côté des grandes pour qu'elles puissent "retrouver" la petite B. Mais je crois surtout que pour qu'elles puissent rester soeurs, elles doivent continuer de vivre des choses ensemble, et se créer des souvenirs. 

Alors on sort. On n'a qu'une heure et c'est court une heure pour se retrouver. On doit trouver un lieu pas trop éloigné de notre point de départ au centre de Bruxelles. Et une activité gratuite. Vélo. Plaine de jeux. Coin des Contes dans une bibliothèque de quartier.
 Et ça marche : les regards des filles se croisent et s'échangent, la complicité se (re) tisse, les sourires des trois s'épanouissent et elles attendent avec impatience leur sortie. Et moi aussi. :-)
Je l'avoue, j'ai dérogé à la règle de la gratuité lors de la sortie de décembre pour payer (de ma poche, hum hum) aux trois soeurs un tour sur le manège enchanté, et je ne suis pas prête d'oublier les étoiles dans les yeux de la petite B. pour qui c'était "la première fois". 

Aujourd'hui, avec ce tapis neigeux sur Bruxelles, l'occasion était trop belle. J'ai préparé mon coup dès mon départ de la maison ce matin en emportant trois paires de gants, la salopette de ski de Félix et des bottes en caoutchouc pour mam'zelle B., deux luges-pelles qui traînaient au fond du garage. J'ai obtenu sans difficulté de mon collègue cuisinier une carotte pour le futur bonhomme de neige. Les filles ont accueilli mon idée avec des cris de joie. On a trouvé une pente enneigée pas trop loin, dans un parc paysager désert à cette heure-là. Et sous l'oeil attendri des gardiens (sans parler des miens!), on a vécu vraiment, vraiment, un beau moment...

On a un peu triché,  impossible cette fois-ci que cette heure ne dure "que" soixante minutes... j'ai été sauvée par la nuit tombante et la fermeture du parc, pour faciliter les au revoir. Et surtout on s'est dit, les yeux dans les yeux : à la prochaine fois!
tirer une grande langue pour goûter la neige sur son menton : un vrai bonheur :-)



22 commentaires:

  1. quel billet touchant...
    la vie peut etre compliquée mais aussi pleine de bonheurs simples...

    RépondreSupprimer
  2. Tu réveilles une terreur ancienne...la séparation des enfants...:(

    RépondreSupprimer
  3. ... ton métier c'est donc d'essayer de semer du bonheur. certainement un moment inoubliable pour ces petites. je croise bien fort les doigts pour qu'elles soient réunies rapidement.

    RépondreSupprimer
  4. difficile d'imaginer ce qu'ils se passe ds leurs têtes pdt des moments magiques comme celui-là!!

    RépondreSupprimer
  5. J'imagine comme tu as dû rentrer chez toi si pleine de ces rires en cascades hier soir...

    RépondreSupprimer
  6. En essayant depuis x temps de deviner votre métier, je ne me suis guère trompée....Si tout le monde prenait sa tâche avec un coeur comme le vôtre, ce monde tournerait plus rond! Béa

    RépondreSupprimer
  7. J'imagine que ça doit drôlement compenser les moments du travail où tu te sens impuissante... Quelle joie !

    RépondreSupprimer
  8. Merci de partager ces moments très touchants qui m'ont fait monter les larmes aux yeux d'émotion(s). Une chance que ces petites filles vous aient dans leur vie ! Des réserves de résilience pour elles... des parenthèses enchantées...

    RépondreSupprimer
  9. On pourrait se dire que c'est rien du tout: si peu de temps dans toute une semaine... c'est une toute petite chose... la petite heure qui change toute la vie!

    RépondreSupprimer
  10. wahou! un coup de poing dans la bide quand meme d'imaginer la vie de ces enfants la.Je comprends ton blues parfois face a la "force des choses" dont tu parles. mais elle a raidon Agathe c'est une petite heure qui change toute la vie. Elles sont top ces photos comme le sourire de ces girls et l' idee que tu as eu de les lacher dans la neige. kiss

    RépondreSupprimer
  11. Comme cette histoire est touchante....

    RépondreSupprimer
  12. Tu en as un beau métier. Merci pour ce partage.

    RépondreSupprimer
  13. merci pour ce billet plein de sensibilité .. puisse la vie ,avec peut être l'aide de ces photos ,réunir ces enfants !

    christiane

    RépondreSupprimer
  14. J'ai le souffle qui s'emballe à l'idée de ce que ces moments, si précieuses pépites, leur donnent et leur donneront encore longtemps.

    RépondreSupprimer
  15. Depuis que j'ai lu ce billet je n'arrête pas d'y repenser ! Elles s'en souviendront (et de toi aussi) toute leur vie. C'est super émouvant, ce qui leur arrive, cette petite heure qu'on leur donne, la façon dont tu prends la chose à coeur, ce que tu leur offres et la fête que ça doit être pour elles. J'espère qu'elles ont le réflexe de s'envoyer des lettres, des cartes postales ou des dessins...

    RépondreSupprimer
  16. Comme ces moments m'ont l'air magiques grâce à toi (et à elles). Bravo.

    RépondreSupprimer
  17. wahoo.
    c'est magnifique.
    tout de même, une heure, un mardi sur deux,
    c'est bien peu. on vous demande de reussir une chose difficile.
    mais quel metier...!
    pas facile, sans doute, mais je reste très emue de ce que je viens de lire.
    merci

    RépondreSupprimer
  18. je suis touchée par ton post, c'est très joli, fragile et en même temps si important ! Tu dois faire un métier sacrément prenant.

    RépondreSupprimer
  19. Toi tu fais un chouette chouette métier!

    RépondreSupprimer
  20. je ne sais même pas quoi dire... elles ont de la chance de t'avoir.

    RépondreSupprimer
  21. Je ne l'ai pas vu passe ce post! Tu écris bien ce métier.... Moi j'ai retiré les mots écrits tout à l'heure qui n'étaient pas le reflet de ce que je pense au fond... J'aimerais pouvoir en parler mieux mais c'est bien difficile . Chouette la mer! J'y vais mardi, mais sans mes enfants mais quand j'y pens, j'en prendrais bien un avec moi, je suis sûre qu'ils s'amuseraient bien autour d'un ballon de foot!

    RépondreSupprimer