lundi 30 novembre 2015

Six ans encore et encore

Comme cette année, le 14 novembre tombait un samedi, la fête avait commencé la veille, avec le traditionnel gâteau partagé à l'école... et donc pour moi, l'avant-veille, un jeudi soir vers 22h... pour préparer le traditionnel moelleux au chocolat (j'utilise pour le moment la recette de Cyril Lignacet même deux, je continue de suivre les recommandations  de Mme Bellzouzou ;-)
 Quelques smarties rangés en arc en ciel plus tard, j'ai pu rejoindre les plumes. Mes efforts ont été récompensés le lendemain quand la maîtresse m'a demandé si je travaillais vraiment chez "les tartes de Françoise" (célèbre pâtisserie bruxelloise), comme le lui avait dit Félix quand elle lui avait dit que le gâteau était très bon! (J'ai bien rigolé... merci Félix)
Le soir même nous partions à Wissant, comme je l'ai raconté dans un post précédent. Après la matinée sur la plage, le vent et la pluie étaient trop drus pour nous permettre d'y rester l'après midi aussi... et comme c'était ce jour tant attendu des six ans, on a été promener nos coeurs en vrac à Nausicaa à Boulogne sur mer... très chouette après midi entre méduses et requins!
 Au retour, hop, re-gâteau bien sûr, on n'a pas tous les jours six ans...
Comme les grands n'étaient pas avec nous, c'est à notre retour à Bruxelles que Félix, après avoir encore une fois soufflé ses bougies avec ses deux frères et sa soeur, a ouvert ses cadeaux... 
  Et notamment la fusée playmo, offerte par ses frères et soeur, qui a eu un grand succès...
 (et moi j'aimais beaucoup voir les grands la construire pour lui...)
 Une semaine plus tard, brunch avec son parrain et sa marraine (en plein "lockdown" bruxellois...) et encore des bougies...
 et une semaine plus tard encore, la tant attendue fête avec les (onze!) copains, sur le thème des agents secrets... Grâce à l'employeur de mon homme on avait pu louer à prix modique une petite maisonnette dans la forêt...
On a commencé par l'entraînement des agents secrets : épreuves dans les bois... (les deux heures sans pluie de la journée, il y a des miracles parfois!)
Chacun a reçu une fausse moustache (Tiger), un bonnet noir (Zeeman), des lunettes de soleil et un badge (carton de boîte de céréales ;-). Première étape, se choisir un nom secret (on a ensuite fait l'effort de l'utiliser pour nommer les enfants pendant tout l'après midi) et marquer son badge de ses empreintes digitales.
Ensuite, six "épreuves" (pas du tout compétitives et même pour plusieurs coopératives!)
1. Cabane (le "repaire des agents secrets")
 Après chaque épreuve, le directeur de l'Agence paraphait leur badge... (grand succès!)
 2. Equilibre
 3. Tir sur une cible (aux pistolets Nerf)

 4. Parachute coopératif (loué à la ludothèque)
 5. Parcours d'obstacle (sauter au dessous d'une branche, faire le tour de l'arbre, passer dessous telle branche...)
 6e et dernière épreuve : lance-fusée
 Et puis retour à la "cabane"...
bougies (oui, re, re, re... bougies !!)
 et pour terminer contes et dessins au coin du feu...
Il y avait une douce ambiance, et même un petit air de vacances avec ces douze gamins si tranquille...
Et voilà, je crois que là on va pouvoir faire le clap de fin pour les six ans de Félix !
Gâté, trop gâté, le Petit Prince? Ah oui, vous croyez? ... 
(et dimanche prochain c'est la Saint Nicolas! Ohlalà...)

dimanche 22 novembre 2015

Rayon de soleil dans un étrange week-end


 Drôle d'ambiance à Bruxelles. Jamais je crois je n'avais imaginé ce qu'on a vu ce weekend, cette ville presque fantôme, les militaires armés et encagoulés, les camions blindés dans les rues, les sirènes de police et les bruits de l'hélicoptère qui tourne au dessus de nos têtes. Pas d'ouverture de la ludothèque et de la bibliothèque hier, où j'étais partie ramener livres et jeux... et puis, au fur et à mesure, les nouvelles qui tombent : pas d'entraînement d'escrime, pas de réunion scoute, les piscines, cinémas, théâtres, magasins ferment les uns après les autres... le marché ne se tiendra pas demain. On suit incrédules les nouvelles -même si en réalité il n'y en a guère- sur les sites internet des journaux. La pluie mêlée de neige glacée se met à tomber dru, les nuages sont épais et lourds, la nuit semble tomber encore plus tôt que d'habitude...
Alors on se replie sur le cocon de la maison, et on se réjouit de la soirée qu'on va passer chez nos chers voisins, pour souffler les "122 bougies" des anniversaires additionnés de nos deux familles en novembre; et du brunch de dimanche matin avec les parrains et marraines de Félix, pour son anniversaire. Quelle joie de retrouver la chaleur d'être ensemble, quand l'atmosphère est lourde de menaces...
Et quand les amis sont partis et la table rangée, la pluie a eu la bonne idée de s'arrêter un peu... alors on sort, repérer les lieux pour la fête de Félix avec les amis dimanche prochain... et pour prendre l'air, aérer nos corps et nos têtes, les enfants trépignent à force de tourner en rond; s'éloigner un peu des rues de la ville, et regarder la vie qui continue, bien, sûr... et les deux amis de toujours et leur plaisir à se retrouver...
 A des lendemains plus doux... 


vendredi 20 novembre 2015

Le matin d'après

(clic pour la musique)
Vendredi dernier, en fin d'après midi, on se mettait en route pour rejoindre des amis à Wissant, sur la Côte d'Opale, les mêmes qui nous avaient déjà invités il y a deux ans... Départ non sans stress un vendredi pluvieux de novembre, la nuit tombe tôt, Romane s'est perdue dans les transports en commun et panique, je fonce la récupérer trempée jusqu'aux os et gelée, retraverse la ville dans les encombrements pour pêcher l'homme à son bureau, nous faisons route dans la nuit déjà noire... mais la maison est lumineuse et accueillante, nos amis souriants et de bonne humeur et un repas fume sur la table à notre arrivée... Ils sont fous de foot et on réussi à trouver un site internet qui diffuse le match Belgique Italie... je regarde le match d'un oeil -nos amis sont contents, les Belges font un bon score...- , de magnifiques photos de mariage d'un autre, tout en pensant à l'anniversaire de Félix (le lendemain) et aux petites surprises que j'ai préparées pour lui, en attendant son vrai cadeau qu'il aura à notre retour à Bruxelles...
On n'attend pas les dernières minutes du match, il est tard et je monte mettre les enfants au lit... je reste un moment à les écouter respirer doucement dans cette chambre inconnue, et le bruit du vent sur le toit, la mer est si près...  j'écoute de la musique douce... 
C'est quand je redescends, un peu éblouie après la pénombre de l'étage, que j'entends pour la première fois parler des attaques sur Paris... les informations commencent à tomber, encore un peu confuses, en sens divers... on sait déjà que c'est grave, mais on ne sait pas vraiment à que point... quand on va nous aussi rejoindre les plumes, on espère à moitié que les nouvelles du lendemain seront peut être plus rassurantes... 
Je me réveille tôt, dans la maison encore toute noire et endormie, après une nuit agitée... je n'y tiens plus, j'allume mon téléphone en me doutant bien que je risque de ne pas retourner me coucher... et en effet je découvre à ce moment là le nombre de victimes, les premiers récits... l'horreur... l'incompréhension... la peur... 
Et très vite un mélange d'émotion aussi... ce matin-là, c'est celui des six ans de Félix... un jour qu'il attend depuis si longtemps... la promesse de la fête! 
J'ai le coeur en miettes. Je bois à petites gorgées mon café... presque une heure de solitude dans cette maison inconnue, tout le monde dort encore, comme gardienne de ces nouvelles terribles... 
Quand j'entends des petits bruits à l'étage, je monte voir mes petits, Félix a grimpé dans le lit de sa grande soeur qui lui lit des histoires... je le serre fort pour lui souhaiter un joyeux anniversaire... et puis très vite, je leur dis à tous les deux que je suis sous le choc, que tout le monde l'est, parce qu'il s'est passé des choses très graves à Paris... Nos amis sont réveillés... 
on va chercher les croissants, et les journaux aux titres terrifiants... 
On allume la bougie pour Félix, le coeur un peu serré, mais plus que la bougie, c'est son sourire qui nous réchauffe et nous éclaire... 
Et puis on se couvre, on s'équipe... on sort... et tant pis pour les nuages gris, les embruns et le vent qui souffle fort... ou tant mieux, peut être, ce camaïeu de gris et de beige dans lequel on peine à deviner du bleu, cette plage déserte, le bruit apaisant des vagues, les cris des enfants et leur forteresses de sable,  vaillantes et dérisoires devant la marée qui monte, s'accordent sans peine à notre humeur chancelante... 
(J'ai découvert en regardant mes photos le lendemain qu'elles étaient presque toutes sous exposées... comme si même les réglages de mon appareil s'étaient mis au diapason de mon humeur...)


Une semaine plus tard, je dois dire pour ma part que j'ai encore le coeur en vrac et la tête en feu. (Encore un peu plus ce soir, après l'annulation du week-end lutin de Romane et de la sortie scolaire au théâtre de Gilles...)
Sommes nous "en guerre"? Allons nous vivre, survivre, avec sans cesse la menace sur nos têtes? comme tant d'autres, au fond, dans tous ces pays "en guerre" que nous regardions de loin, jusqu'ici ? Cette guerre justifiera t'elle, au nom de notre sécurité, encore plus de ces injustices profondes qui en alimentent les causes? 
Je voudrais résister à la panique, et lutter contre le vent, comme le cerf volant de Félix qui a été son premier cadeau des six ans...
Je crois que ces moments resteront gravés en moi... que comme pour le 11 septembre, et pour la génération de mes parents, l'assassinat de Kennedy, je me souviendrai pour longtemps de ces nouvelles terribles reçues dans ce week-end diaphane...
J'espère que vous, ça va. 
Je sais qu'une bonne partie de mes lecteurs est en France, et certains en région parisienne...
j'ai pour vous une pensée particulière et pleine de douceur.