Trois grands au camp, c'est remettre la main sur toutes les idées épinglées sur Pinterest depuis un an, et le plaisir de bricoler. Pas étonnant que j'aime avoir quelques jours de congé avant les camps !
Alors, trois enfants au camp, c'est
la frénésie des jours qui précédent, préparer les sacs, gonfler les matelas pneumatiques dans le salon pour vérifier qu'il n'y a pas de fuite, ressortir la machine à coudre pour préparer les déguisements, et les cartons, colle, pinceaux et ciseaux pour les bricolages associés (la boîte aux lettres, ...). C'est la maison sans dessus dessous, manger au jardin car la table de la cuisine est couverte de confettis de papiers colorés et de bricolages à moitié finis, des gamelles dans l'escalier et des vieux tshirts étalés en piles inégales sur le plancher des chambres. C'est réfléchir longuement au meilleur rapport confort pour les campeurs/sac pas trop lourd à porter... Toutes ces listes rappellent que le temps va passer vite, qu'au retour du camp on sera presque au grand départ pour nous et quand on reviendra à Bruxelles ça sentira déjà la rentrée... stop, on s'interdit de penser jusque là! C'est les grands qui profitent jusqu'au bout de leurs sorties et leurs copains, et que j'essaie d'interpeller quand l'orbite de leur planète passe à proximité de la mienne, pour leur poser des questions existentielles. C'est les pieds qui ont grandi et les bottines trop petites, les courses de dernière minute - qui n'ont jamais porté aussi bien leur nom - dans les allées bondées de Decathl*n, essayer de penser à tout pour éviter de devoir revenir, mais sans trop d'illusions quand même. C'est compléter les fiches médicales et documents d'autorisation, chercher en marmonnant les dates de vaccination et essayer de se rappeler lequel est allergique au clamox*l. Leur mine rayonnante du matin du départ, l'uniforme encore tiré à quatre épingles et le foulard roulé serré.
Et puis ils sont partis... prendre un moment pour ranger la maison, presque silencieuse tout à coup, les moineaux envolés, le calme revenu. Aérer les chambres et retirer les draps. Chambres vides, impeccables qui semblent attendre. Les petits achats, les revues qui arrivent dans la boîte aux lettres et que je pose sur leur bureau. C'est deux semaines sans nouvelles, "pas de nouvelle bonne nouvelle", écrire des lettres qui n'auront pas de réponse. Décorer les enveloppes pour participer au concours, faire sourire "ma" lutin, ses chefs et le facteur. Ah si, un courrier de la demoiselle est arrivé, c'est la fête! Et puis le grand est CP cette année, et comme il part quatre jours et trois nuits hors du camp, avec sa patrouille (et responsable de ses cinq ou six scouts plus jeunes que lui) il a pu emporter son GSM. C'est beaucoup penser à lui, m'inquiéter un peu mais me souvenir qu'il ne manque pas de bon sens et qu'on peut lui faire confiance... respecter donc qu'il ne m'envoie l'un ou l'autre SMS qu'au compte-goutte. Je sais à quel point la magie du camp c'est aussi le moment où le monde extérieur n'existe plus... et mon anxiété à moi ne justifie pas de lui faire perdre ça ! (même si j'ai été soulagée le soir où je savais qu'il rentrait au camp). C'est Félix qui profite de son statut provisoire d'enfant unique, et de petites sorties rien que pour lui, aller manger une glace, à la piscine, ou voir le feu d'artifice du 21 juillet. C'est s'autoriser à oublier de faire à manger et à partir en dernière minute manger un bout à l'extérieur, ou bien préparer des repas mais en se trompant complètement dans les proportions et manger à trois les restes plusieurs jours d'affilée.
("Paul a un travail d'été", M. Rabigliati)
(thème de camp : voyage à travers le 20e siècle)
Bienvenue chez vous, mes voyageurs !