Dimanche matin radieux. On appelle les copains pour un pique-nique, chouette ! ils sont partants. Un petit tour au marché, un copain de Martin pour nous accompagner... Et si on profitait de ce printemps magnifique pour dérouiller nos jambes et nos vélos, et rejoindre
ce magnifique parc en balade cycliste à travers la forêt? Une dizaine de kilomètres, sur terrain globalement plat et par ce temps exceptionnel... l'enthousiasme est général.
11h30, tous en selle !
11h45, gloups, j'avoue que le soleil est chaud et le vélo bien alourdi par la charrette (qui transporte pique nique, nappes, provision d'eau...) et le Félix. Oh, rien de bien grave, mais on va y aller
"à notre rythme", hein?
12h30, un petit sms de nos copains, ils y sont (en voiture, eux), nous on est au milieu de la Forêt de Soignes, l'air est doux, le vert tendre des feuilles dans la lumière est magnifique, il doit nous rester un gros quart d'heure/ vingt minutes de trajet... tout roule!
12h35, des cris du côté des gars qui fonçaient devant nous. On les rejoint à toute allure, le copain de Martin est tombé. Aïe. Genoux et coude écorchés, ça va... euh non, ça ne va pas : à y regarder d'un peu plus près, les blessures sont vilaines, les plaies semblent profondes, il a très mal au coude : une chose est claire, il ne remontera pas en selle. J. fonce à vélo chercher secours chez nos copains installés au lieu du pique-nique, j'installe le blessé tant bien que mal sur les nappes et couvertures qu'on avait prévues pour s'installer sur le gazon. Je préviens sa maman -avec quelle culpabilité- qu'il est tombé, s'est blessé pas trop gravement mais qu'un avis médical me paraît nécessaire et qu'il a hâte de la retrouver... Elle se met en route pour le récupérer... J'essaie de rassurer comme je peux ce pré-ado qui souffre, n'en mène pas large au milieu des bois. Après 3/4h - je vous assure que dans ces circonstances ça paraît bien long, 3/4 d'h...-, J. est de retour et l'emmène... sur son dos (!) sur 500m pour le sortir du bois, jusqu'à la voiture qui l'attend en bordure d'autoroute, puis nous rejoint... on est tous sonnés, mais on a besoin de manger, de se poser... on reprend les vélos et on roule jusqu'au lieu prévu...
14h15, on s'installe enfin pour partager le pique nique. On a malgré tout la gorge un peu serrée et du mal à vraiment se détendre. Il faut dire que j'appréhende un peu les 12 km à refaire dans l'autre sens mais y'a pas vraiment le choix, hein? Je mords sur ma chique et ne dis rien...
15h30, Romane en faisant un petit tour dans le parc casse le guidon de son vélo... ah... mais on trouve une solution, les copains vont nous prêter le vélo de leur fille, et rapatrier le vélo inutilisable...
16h, J. se dit prudemment qu'il va prévenir ses collègues qu'il risque d'arriver en retard à sa réunion de 17h.
16h40, on se remet en selle. Dès la première côte, en plein soleil, Romane souffre et pleurniche, elle ne veut plus pédaler. Elle marche à côté de son vélo... j'essaie de rester calme mais ne réussit qu'à moitié.
17h, les garçons sont partis devant. Là où on espérait les voir au premier croisement, personne. Au 2e, non plus. Au 3e, pas davantage. Il faut dire que rien ne ressemble plus à un sentier qui serpente entre les arbres qu'un autre sentier qui serpente entre les arbres. J. fait demi-tour à leur recherche, pendant ce temps Félix qui avait fait grève de la sieste s'endort dans mes bras.
17h30, J. est de retour, il ne les a pas trouvés. On installe un petit lit à Félix dans la charrette, toujours sur les nappes et couverture du pique nique! On décide d'avancer, espérant qu'ils auront l'idée de retourner en arrière et de demander à quelqu'un de nous appeler. Gilles n'a justement pas son portable, grrr. On scrute les nôtres espérant un appel mais rien.
18h, toujours pas de nouvelles. On est au milieu du bois et l'inquiétude commence à monter. On a passé tous les croisements difficiles, pour la suite vers Bruxelles c'est toujours tout droit. J. décide de faire demi-tour pour aller à leur recherche, j'irai le/les récupérer en voiture à la Hulpe. Je lui donne une des deux gourdes, il nous en reste une pour Romane, Félix et moi.
18h15, une descente, des graviers, un coup de frein un peu brusque, Romane passe la tête la première par dessus son vélo. Je la vois tomber, je crains le pire! Dans ma précipitation à aller la secourir, je heurte légèrement la charrette, Félix se réveille en hurlant ! Heureusement, si la princesse est bien secouée, elle est solide, les écorchures sont superficielles, elle s'en tire avec des hématomes et une grosse émotion.
18h20. Ah. A cet endroit précis du bois, je suis "hors réseau" GSM. Et dans la gourde que j'avais gardée pour nous - la croyant pleine - il reste un petit centimètre d'eau tiédie.
18h25. Romane se laisse convaincre de remonter sur son vélo et Félix (à grand peine) de quitter mes bras. On redémarre.
18h35. Mon téléphone sonne
(ah, j'ai de nouveau du réseau!) : les garçons vont très bien, ils viennent d'arriver à la maison, ils se sont un peu perdus
mais pas trop, et une fois rassurés d'avoir retrouvé leur chemin, n'ont pas pensé que nous on continuait de s'inquiéter... je rassure J. dans la foulée, il m'attendra donc au parc avec son vélo (et celui du copain de Martin, évidemment). La sortie de la forêt est en vue. Je suis soulagée, retrouve le sourire, me permets un peu d'optimisme !
19h : dans la circulation, avec mon petit schtroumpf de fort méchante humeur après son brusque réveil de sieste, et ma schtroumpfette éclopée-mais-courageuse dont j'essaie de prendre soin, l'entrée dans Bruxelles me semble bien plus longue et pénible que ce matin.
19h15 : on arrive enfin chez Mamy en chantant la chanson victorieuse de Dora
"C'est gagné, we did it, yeah!", elle est d'accord de garder, de baigner et de faire manger mes deux petits pendant que je file ouvrir aux garçons puis à la Hulpe chercher J. et les vélos.
19h45 : la mère du copain de Martin m'appelle, ils viennent d'être libérés des urgences... il a été recousu au genou, et au coude ; et il a le bras dans le plâtre, pour suspicion de fracture et parce qu'un caillou n'a pas -encore- pu être récupéré... Je suis navrée, navrée, j'en ai les larmes aux yeux et craquerais bien, là, au volant.
20h10 : mon homme et les vélos sont récupérés, on rentre !
20h50 : on a retrouvé les petits et les grands. Tout le monde meurt de faim et plus personne n'a le courage de sortir. Je fouille le congélateur à la recherche de quelque chose à bricoler...
21h25 : à table !
22h : On soigne les bobos de Romane, elle est quand même bien arrangée, la pauvrette... et puis, tous au lit... "allez, les gars, ne tardez pas, demain, une grande journée vous attend!" Eh oui. Je préférerais l'oublier mais c'est vrai. C'est ce lundi de Pentecôte que nous avions choisi pour fêter avec les copains l'anniversaire de Martin... six copains débarquent à 11h45 !!!! Gloups. La vie d'une famille nombreuse n'est pas un long fleuve tranquille...
A suivre...