Se retrouver chez soi

Première journée de congé sans enfant depuis bien trop longtemps... il faut dire que je sors de sept semaines où mon 2e job est venu s'ajouter à la jonglerie du quotidien (et à mon premier job bien entendu qu'il n'est pas question de mettre au frigo).

Les semaines à temps plein (ou plus que plein...) c'est partir tôt, avant les enfants ou juste en même temps qu'eux, et ne jamais avoir ce moment du "juste après". Rentrer tard, sortir les casseroles du même geste où on enlève son manteau pour essayer de manger à une heure à moitié raisonnable, en aboyant sur la troupe pour savoir si ils ont fait tout ce qu'ils avaient à faire, ou pour leur dire de faire moins de bruit, et culpabiliser du contraste entre les trésors de patience déployés au boulot et l'aridité de la manière dont je m'adresse à eux à la maison. C'est s'écrouler le soir après avoir lu deux lignes à peine. C'est se réveiller tôt, très très tôt parfois et sans réveil, en sortant de rêves échevelés... ou comme pour préserver la possibilité d'un moment de solitude, avec le premier café, dans la maison endormie... c'est tenter de compenser le retard pris au boulot en rédigeant des rapports sur mon ordi le samedi à 6h du matin. C'est la somme de boulot à abattre pour l'intendance le lundi où je continue de rentrer tôt, plier ranger le linge de la semaine, faire et ranger les courses, faire deux repas, tout en supervisant les devoirs, entre 15h30 et 19h. C'est la difficulté de ne pas tenter de compenser tension et fatigue en grignotant du chocolat, pour ne pas mettre à mal les bonnes résolutions de la rentrée, et scruter la balance avec en tête les phrases aigres douces entendues ("oh votre nouvelle ligne vous va bien, c'est bien... mais vous verrez, 500 gr à la fois on reprend vite tout hein? ... on ne va pas contre sa nature..."), et se retrouver à nouveau aux prises avec tension et culpabilité. 
Franchement, les filles, vous qui tenez ce rythme toute l'année, je vous tire mon chapeau... 

Il y a eu la parenthèse enchantée du Maroc bien sûr, merveilleux voyage dont on est revenus les yeux écarquillés... mais avec tout ce qu'un tel voyage suppose bien sûr pour une famille nombreuse (de fatigue, de préparatifs et puis d'atterrissage, de retard accumulé au boulot...)
En dehors de mon organisation boulot, il y a le reste, aussi... le boulot de Monsieur Quatre Pommes qui est ce mois-ci dans un mois particulièrement exigeant et stressant... il y a nos ados qui sont des ados, et des bousculades un peu fortes pour apprendre le métier de parent. Il y a aussi l'inquiétude pour la famille juste-un-peu-plus-loin, ceux qui vont mal, ceux pour qui on aimerait pouvoir faire quelque chose, quelque chose de plus.
Alors, pour ce jour de congé, où j'avais fantasmé peut être de faire les boutiques, ou même de "ne rien faire" (ceux qui me connaissent vous diront que ce n'est pas ma spécialité... mais parfois j'en rêve, si si), finalement je suis restée chez moi, chez nous.
Respirer dans la maison calme, sans bruit. Ouvrir les fenêtres et la porte du jardin, le soleil qui entre avec l'air frais qui donne envie de changer les draps, de faire respirer les couettes, et puis du coup de faire disparaître les moutons accumulés sous les lits, pendant que j'allais trop vite pour même les remarquer. Une journée à ranger, donc, ce qui peut paraitre bien ingrat, j'imagine, vu du dehors... mais ce rangement c'était vraiment l'intendance bonheur d'Agathe, se replonger dans notre chez nous, le regarder, le rendre plus accueillant... et me retrouver, moi...