Matinée au boulot. Toucher du doigt le désespoir, le vrai. On aura beau me dire que dans mon métier c'est fréquent, et c'est vrai, sans aucun doute ; je ne m'y habitue pas...
Inhabituelle par contre, la posture d'être en quelque sorte "de l'autre côté" et ressentir d'autant plus fort la violence de ce job, celle dont moi aussi je suis actrice au quotidien, sans toujours m'en rendre compte...
Oui mais... mais cette porte qui s'ouvre, cette main serrée, ces regards échangés. Les larmes au coin des yeux de celle qui m'a quitté avec un vrai merci.
Etre tributaire de transports en commun aux horaires kafkaïens, se torturer les méninges pour savoir comment faire... oui mais par deux fois, et comme par miracle, être sauvée par un retard inespéré du train, du bus... pour être finalement à l'heure partout...
Arriver tôt à la garderie, passer récupérer Romane..., se réjouir de l'après midi "tranquille à la maison" qu'ils vont pouvoir passer, mes fatigués qui n'en peuvent plus d'attendre les vacances (allez, plus que 10 jours!) et une demi-heure après l'arrivée, Félix qui demande de jouer sur l'iPad parce qu'il s'ennuuuiiiiieeee ...
Faire des essais de patron et de coupe pour le projet de déguisement de Félix pour le Carnaval de l'école, avoir très envie d'épingler, de coudre, de lui faire essayer... chercher et trouver une bonne base pour le costume de Romane qui veut se déguiser en Alice (celle du Pays des Merveilles), et retomber sur
ces très poétiques photos... et tout laisser en plan parce que je vois bien que mon petit gars DOIT sortir...
Laisser donc la voiture devant la maison et partir à pieds avec lui sur son petit vélo bleu, croire au soleil qui percera les nuages et fera fuir la pluie, pour faire les petites courses dans le quartier qui sont sur ma liste... Balade dans le quartier de près de 3 kilomètres quand même, avec mon jeune cycliste qu'il faut pousser dans les montées, retenir dans les descentes, mettre en garde envers les obstacles vivants ou inanimés avec qui il partage le trottoir... et les inévitables chutes ou coups de pédale dans les tibias (les miens!)... mais il ne s'est pas plaint une seule fois et est rentré si fier de ce grand tour ! ...
Tenter de doser au plus "juste" interventionnisme et lâcher prise pour le scolaire des grands... râler du temps qu'ils passent sur les écrans...
Se souvenir que l'homme sera au boulot tard ce soir, et que cette soirée que j'avais cru un moment pouvoir passer entre copines à l'inauguration de la Foire du Livre (comme l'année dernière, comme il y a deux ans) sera non seulement une soirée "à la maison" mais une soirée en tête à tête avec les kids... Pousser de grands soupirs. Hésiter à modifier mes menus et à leur servir ce soir l'omelette jambon ciboulette programmée pour demain (oui mais demain je travaille tard), voire à les envoyer chercher un snack (oui mais ils seront si contents de se l'offrir vendredi, où est programmée pour moi une nouvelle soirée en solo : youpi). Se motiver donc pour la ratatouille prévue, en allant même jusqu'à cuire séparément chacun des légumes avant de les réunir (parce que c'est tellement meilleur comme ça)... Applaudir Félix qui me présente comme apéritif un spectacle de magie...!
Et aussi mettre une jolie table, allumer les bougies, me servir un petit verre de blanc... pour m'en régaler, de cette ratatouille, et les enfants aussi. Même Félix en a redemandé !... (et je m'en suis gardé un petit bol pour le manger demain midi avec de la baguette, miam)
Monter avec les enfants. Sécher et brosser patiemment les cheveux de Romane qui rentre de la piscine. Choisir avec elle ses vêtements pour demain. L'embrasser quand elle se pelotonne avec son livre sous la couette. Lire une longue histoire à Félix (Pettson et Picpus, vous connaissez, vous aimez? ), lui passer ensuite les chansons d'Henri Dès en duo avec la petite Camille (Chanson pour mon chien, Papa mon baiser, Croque et craque) qui me rendent délicieusement nostalgique. Il s'endort presque tout de suite et je reste un peu écouter son petit souffle tranquille...
Mais pas longtemps, en bas la cuisine m'attend, avec le tic tac de l'horloge, la table à débarrasser, la vaisselle à faire, la cuisine à balayer, pour qu'elle soit accueillante et pimpante demain matin, où s'ouvrira une nouvelle journée d'école et de travail...
et l'envie de vous raconter... en me disant que somme toute, c'était un bon mercredi.
Et chez vous? Plutôt "up" ou plutôt "down" votre humeur du jour?